Merci beaucoup Tianxiang
C’est très gentil de prendre le temps de poursuivre ce dialogue de manière si encourageante.
Vos conseils pédagogiques sont précieux.
Oui vous avez raison, j’ai appris à maitriser la lecture et l’écriture, ce qui me paraissait impossible et mieux que cela j’ai amélioré mes compétences mentales de manière à retenir les caractères beaucoup plus facilement qu’au début et à développer le vocabulaire écrit comme un système combinatoire.
C’est amusant que la phrase que vous preniez en exemple est celle du début de toutes mes conversations avec les chauffeurs de taxi pékinois. Je suis un homme de rituels et de pèlerinages. Presque chaque fois que je vais à Pékin, plusieurs fois par an avant la Covid-19, je vais faire le samedi ou le dimanche une longue promenade de la journée sur la Grande Muraille à Si Ma Tai. C’est un tronçon plus sauvage et d’ailleurs dangereux car en partie écroulé et relativement lointain (près de 4 h de route aller avant qu’ils n’améliorent la route). Comme les chauffeurs de taxis pékinois sont très bavards et en plus qu’en immersion totale je retrouve mon accent pékinois à couper au couteau d’il y a 40 ans, ils croient que je parle chinois comme un paysan chinois, ce qui les épate, et me font un cours gratuit de conversation pendant 8 h.
Ce chinois des chauffeurs de taxis, je le comprends et le parle. Celui plus éduqué et plus complexes de vos cours HSK4 nettement moins. Et j’ai un problème avec les accents du sud. Une grande partie de cette remise en cause massive de mes compétences en chinois est venue de la propriétaire du restaurant BoBun, rue Saint Jacques, à Paris, avec qui je n’arrive pas à vraiment parler (j’arrive tout de même à commander les plats) alors qu’elle est très sympa ; double blocage : accent du sud que j’ai du mal à capter, et manque d’immersion lié à la Covid.
A votre excellente suggestion, je rajoute l’immersion. En fait j’ai maintenant deux professeurs de prononciation : la première est très pédagogique, mais me parle français, ce qui m’est très utile pour apprendre les tons, me corriger et m’améliorer mais continue à me bloquer pour parler. La deuxième vient de faire un petit miracle. Comme elle est à Shenzhen, elle a commencé en immersion totale à me faire raconter en chinois mes expériences linguistiques en Chine et me faire expliquer en chinois mes problèmes de prononciation et de confusion exponentielle des mots trop proches dès que le vocabulaire s’est étendu et le débit des phrases accéléré, et ma situation tout à fait paradoxale pour un étranger où pour comprendre des vidéos chinoises, je suis obligé de mettre en pause et de lire les sous titres en caractères !
Et miracle j’ai dépassé mon niveau Chinese survival kit. Celui-ci n’était pas si mal puisqu’avant même vos cours je pouvais me mouvoir dans le monde chinois avec des Chinois qui ne parlent pas de langues étrangères. Je m’en suis rendu compte quand un jour je me suis retrouvé seul dans un village de montagne coréen. En Chine je m’y serais trouvé très bien. En Corée avec des Coréens qui ne parlaient que Coréen, là c’est devenu très problématique pour ne pas mourir de froid la nuit et ne pas me trouver affamé ! Heureusement les Coréens sont très gentils.
J’ai réussi ce matin à expliquer en chinois mes problèmes de phonologie (grâce à l’excellent vocabulaire appris dans vos cours). Miracle de déblocage de la capacité à parler ! Certes ce n’était pas parfait et tel n’était pas le but. Mon professeur de Shenzhen m’a fait tout le cours y compris les explications sur les sons, la position de la bouche et de la langue, le souffle, uniquement en chinois. Elle m’a fait aussi la programmation des séances suivantes en chinois. Je suppose que pour les débutants absolus la prononciation de l’alphabet pinyin s’apprend en français mais là l’apprendre en chinois, c’est vraiment très bien.
A suivre donc et déjà avec le premier professeur, j’ai beaucoup amélioré ma capacité de discrimination et reproduction des tons mais je pense qu’il faut commencer l’entrainement encore plus en amont : par l’abécédaire pinyin comme un enfant de maternelle français apprend l’alphabet. Le chinois est si spécifique que si on ne le fait pas en s’entrainant jusqu’à ce que ce soit parfait, on va à mon avis vers de grandes difficultés vers le milieu du HSK4 alors que ces défauts peuvent rester masqués dans les premiers niveaux car il y a peu de vocabulaire. Je pense que le défaut de discrimination sonore ne nous empêche pas trop de comprendre un corpus de mots limité à 600 à 800 caractères mais empêche déjà les Chinois de nous comprendre sauf dans des situations ou l’interprétation est non ambigüe.
Mon mail est un peu désordre mais il aborde les différentes formes de compétences que vous décrivez et que je suis en train d’améliorer. Comme dit mon nouveau professeur Chinois : 问题不大,进步会很容易。
Commencer par apprendre la phonologie de manière structurée est à mon avis le début indispensable : non seulement des conseils dans les leçons mais une vraie série progressive de 10 leçons de prononciation. Cette série préparatoire risque de rebuter les amateurs de progrès rapides mais seront précieuses pour ceux qui veulent avancer en ayant des bases très solides. De même je suis convaincu qu’avant d’écrire son premier caractère, il faut apprendre en chinois le nom des traits qui les composent et s’entrainer à calligraphier au pinceau les traits fondamentaux. Là aussi c’est apprendre patiemment et par un long entrainement les composants fondamentaux avant d’aller à l’étape suivante. Mais n’est-ce pas en définitive une des grandes leçons que nous donne le monde chinois ?
Je vous tiendrai au courant de mes progrès !
Très bonne journée
Serge