HSK 2 séquence 2

Re: HSK 2 séquence 2

par Phi Philo,
Nombre de réponses : 25
Merci pour votre leçon ... de sagesse !

Le pire, c'est que vous prêchez un convaincu ! Mais il se trouve que je suis, par (dé)-formation professionnelle, particulièrement sensible au hiatus qui existe entre comprendre (intuitivement) et expliquer (précisément), ou encore entre interpréter et traduire. Mais ceci est une autre histoire.

老师回见 !

PhiPhilo.

51 mots

En réponse à Phi Philo

Re: HSK 2 séquence 2

par Tianxiang LI,
Ce n'était qu'une indication de méthodologie, je ne voulais pas "faire la leçon" 😊.
C'est difficile à distance de vraiment conseiller. Surtout que je rencontre un certain nombre de questions sur le forum qui m'interpellent sur la méthodologie.
Du coup, si vous avez le temps, je serais très intéressé si vous pouviez m'en dire plus sur ce que vous entendez par comprendre (intuitivement) et expliquer (précisément) / interpréter et traduire. Et comment votre profession/historique personnelle influence sur votre apprentissage du chinois.
Je peux facilement "tester" mes élèves, mais l'âge se situe entre 11 et 19 ans. Et ils sont dans un contexte scolaire. Le site me permet de retrouver des adultes avec des profils très différents et cela m'intéresse beaucoup d'avoir un retour d'expérience (je prépare un cours complet sur la méthodologie).
Merci d'avance !
天翔

134 mots

En réponse à Tianxiang LI

Re: HSK 2 séquence 2

par Phi Philo,
天翔你好,

Je suis très flatté que vous vous intéressiez à mes élucubrations. Alors, pour essayer de faire court (et non cours !) afin de ne pas encombrer ce forum, disons que ma réflexion sur ce problème s'est développée en trois temps.

Première étape. J'ai, dans mes fonctions de juriste, été confronté au problème suivant. Un justiciable me soumet une difficulté qu'il pense soluble en recourant à l'institution juridique. En tant que professionnel et dans les limites de mes compétences (le droit public), je saisis intuitivement la norme (article constitutionnel, loi, décret, arrêté, etc.) qui me semble s'appliquer à cette difficulté. Je rends donc une décision en m'appuyant sur ladite norme. Problème : comment "motiver" (c'est-à-dire expliquer les motifs de) ma décision ? Comment passer de ce que j'ai compris à ce que je dois dire ? C'est absolument fondamental : la plupart des décisions juridiques annulées aujourd'hui dans les pays occidentaux sont la conséquence d'une "motivation" (c'est-à-dire d'une explication) insuffisante et/ou maladroite.

Deuxième étape. Ce problème m'a tellement (pré-)occupé que je me suis plongé dans la philosophie du langage dans laquelle j'ai fini par me spécialiser au point que j'en suis venu à l'enseigner. Nouveau problème qui n'a fait que confirmer le premier. Un(e) élève, un(e) étudiant(e) me dit, dans le cadre d'un exercice que je lui ai proposé : "Monsieur, je comprends le texte - ou la question, ou le raisonnement, ou ...- mais je n'arrive pas à l'expliquer". La plupart de mes collègues ont toujours botté en touche en rétorquant : "si tu ne sais pas expliquer, c'est que tu n'as pas compris". Variante de la célèbre maxime de Boileau selon laquelle "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, les mots pour le dire arrivent aisément". Je sais, par expérience, que ce n'est pas aussi simple.

Troisième étape. Depuis que je suis à la retraite, mes recherches m'ont conduit à approfondir ma réflexion sur le hiatus (pour ne pas dire l'abîme) qui existe en général entre, d'une part, comprendre globalement et intuitivement quelque chose et, d'autre part, expliquer analytiquement et précisément cette même chose. Ma réflexion a alors emprunté successivement deux voies : d'abord, naturellement, celle de la philosophie occidentale (notamment à travers des auteurs comme Quine ou Wittgenstein, Bouveresse, Descombes et le philosophe et sinologue François Jullien), et, beaucoup plus récemment, celle de la sagesse (extrême-)orientale (à partir de textes sanskrits -Patanjali, Bhagavad-Gîta- et de textes chinois -Lao Tseu, Tchouang Tseu, Confucius-). Tout ce corpus littéraire pose, que ce soit sur un mode théorique ou bien pratique, toujours le même problème : qu'est-ce qu'une traduction ? Est-ce une "translation" (connotation géométrique que l'on retrouve en anglais mais aussi dans le provençal "reviraduro" ou dans l'arabe "tarjama" ou encore dans l'allemand "überstzen") ou est-ce une "interprétation" (sens plus artistique qui est celui du chinois de 翻译 et que connote -sarcastiquement- la formule italienne bien connue "tradutore-traditore")

Bon. Je m'arrête là pour le moment. Je ne sais pas si j'ai (un peu) éclairé votre lanterne mais je suis moi-même évidemment très intéressé par votre propre réflexion méthodologique sur le sujet.

回见.

PhiPhilo.

PS : c'est la rencontre avec François Jullien qui m'a convaincu d'entreprendre l'apprentissage méthodique et systématique du chinois !

524 mots

En réponse à Phi Philo

Re: HSK 2 séquence 2

par Françoise Jacquier,
Bonjour!
Au-delà des considérations philosophiques - très intéressantes au demeurant, pour moi qui suis traductrice (allemand et italien) et qui me pose régulièrement ces questions - je pense que d'un point de vue purement linguistique il est préférable de ne pas essayer d'appliquer au mandarin la terminologie et les catégories grammaticales de nos langues européennes "("attribut du sujet, groupe sujet" etc...) qui ne correspondent pas vraiment à la réalité de la langue chinoise où les fonctions sont moins nettement définies, il me semble. Voir les verbes qui peuvent faire office de ce qui pour nous est une préposition (gei, p.ex.); ou ce que nous percevons comme des adjectifs mais qui sont en même temps des "verbes" (da= grand, être grand...)
Pour nous qui sommes formatés à l'analyse grammaticale dès la primaire, puis aux versions latines qui exigent une analyse précise des fonctions dans la phrase, il est difficile de se débarrasser de ces réflexes analytiques et d'accepter de ne pas tout comprendre rationnellement... Mais c'est en effet ce qui fait le charme de la langue chinoise, et c'était une de mes motivations pour l'étudier que de voir comment on s'exprime dans une langue qui fonctionne tout à fait différemment de celles que je connaissais. Et je ne suis pas déçue!!
J'ai une question pur vous, Tianxiang, qui connaissez bien la Chine: en quoi consiste l'enseignement de la langue chinoise dans les écoles en Chine, mis à part le long apprentissage des caractères, puisqu'il n'y a pas de morphologie (conjugaisons, déclinaisons etc...), et quasiment pas de syntaxe au sens où nous l'entendons, mais plutôt des façons de dire? Et que je suppose qu'il faut déjà connaître beaucoup de caractères avant d'aborder l'étude de la littérature..
Et une autre question que je me pose depuis que j'ai commencé l'apprentissage du mandarin: vu le nombre impressionnant d'homonymes, n'y a-t-il pas constamment des malentendus dans la conversation? Je sais que les Japonais dessinent en l'air ou dans le creux de leur main le kanji quand il y a ambiguïté, en est-il de même entre les Chinois?
Aucune urgence à me répondre, bien évidemment, je vous sais très très occupé!

354 mots

En réponse à Françoise Jacquier

Re: HSK 2 séquence 2

par Dominique PAPION,
Les commentaires précédents sont très intéressants. Pour moi, un des attraits de l’apprentissage du mandarin est qu’il faut changer de logiciel intellectuel et de référents, et c’est très satisfaisant. Le mandarin me fait penser à l’impressionnisme et au pointillisme. Il faut prendre du recul et se laisser ‘imprégner’. Cependant notre perception renvoie à notre langage et à notre culture alors, est-il vraiment possible pour nous de parvenir à ‘penser chinois’ un jour ? Probablement pas. Même si nous pouvons nous débarrasser du carcan de la grammaire, syntaxe etc., notre vocabulaire et 'empreinte' d’origine ne nous condamnent-t-ils pas à une altération perceptive ? Qu’en pensez-vous, Tianxiang ?

103 mots

En réponse à Dominique PAPION

Re: HSK 2 séquence 2

par Phi Philo,
Bonjour Françoise et Dominique.

Je partage tout à fait ce que vous dites, Françoise, de la spécificité de la langue chinoise par rapport à nos catégories mentales/grammaticales. Et votre comparaison, Dominique, du mandarin avec la peinture non figurative me semble particulièrement pertinente. Bien avant de commencer l'apprentissage systématique du mandarin, le philosophe et sinologue François Jullien avait déjà attiré mon attention sur ces deux aspects. D'où l'intérêt accru que je porte au problème de la traduction, problème qui atteint son apogée lorsqu'il s'agit de traduire une langue indo-européenne en chinois ou vice-versa (les réflexions de François Jullien sur le cas des versions françaises du Yi King sont absolument passionnantes). Je suis également persuadé qu'un(e) Occidental(e) ne pourra jamais, à moins d'être parfaitement bilingue (comme l'est l'académicien François Cheng, par exemple), "penser (en) chinois". En effet, comme le disait déjà Platon, penser, c'est parler intérieurement et pour parler, nous sommes tributaires de nos catégories grammaticales. D'où, retour au point de départ de notre discussion.

Par ailleurs, comme Françoise, je serais très curieux de savoir comment se passe l'apprentissage de la lecture et de l'écriture pour les petits Chinois. J'ai lu quelques articles sur ce sujet mais j'attends évidemment avec impatience le témoignage de notre professeur.

回见.

飞飞老.

PS : je m'aperçois que, plus haut, j'ai écrit "tradutore" au lieu de "traduttore". Honte à moi (l'italien est ma langue natale).

230 mots

En réponse à Phi Philo

Re: HSK 2 séquence 2

par Tianxiang LI,
Merci à tous pour vos interventions. C'est un sujet des plus intéressants.
Je vais d'abord répondre à Phi Philo.
Le problème de l'intelligence intuitive et cognitive est fondamental pour la formation à la langue (native ou étrangère), mais aussi dans tous les domaines d’apprentissage.
Je vais essayer de vous exposer ce que j'en ai compris. Ce n'est bien sûr que mon expérience personnelle en tant qu'enseignant, mais surtout en tant qu'apprenant (langues étrangères, langages informatiques, échecs, etc.). J'essaie toujours d'enseigner en me mettant à la place des apprenants. C'est pour cela que j'ai créé ce site, car c'est une ressource que j'aurai aimé avoir en tant qu’apprenant. Mais c'est une autre histoire.

La compréhension passant par la comparaison, je vais prendre l'exemple des échecs et des maths.
Il faut d'abord identifié l'objectif :
aux échecs -> gagner la partie
en maths -> résoudre un problème complexe (ce n'est qu'une partie des maths)
en langue -> comprendre ce que l'on me dit et/ou savoir l’exprimer

Aux échecs, il y a des règles bien précises. On peut appeler cela des schèmes. Les déplacements des pièces sont les schèmes fondamentaux. Les quelques règles de base (prise en passant, rock, etc.) aussi. Ces règles de bases sont à connaître par coeur. Elles sont peu nombreuses, donc c'est facile. Par contre connaître ces règles de bases n'est pas suffisant pour gagner la partie, même si on a un QI de 150. Il faudrait faire un effort cognitif monumental pour analyser toutes les possibilités à chaque tour : au premier tour, il y a déjà 400 possibilités, au deuxième 20 000 et cela devient monstrueux au troisième. C'est là qu'il faut développer l'intelligence intuitive. Mais comment ? Par l'expérience partagée et l'expérience personnelle. L'expérience partagée nous fait savoir qu'il y a des enchaînements meilleurs que d'autres. On peut les apprendre. Ce sont des schèmes plus complexes : les finales et les ouvertures, qui eux-mêmes font entrer les schèmes basiques. Pour progresser, on étudie et mémorise (les deux !) ces ouvertures et finales, comme on a mémorisé les règles de bases. Mais s'il existe une série connue et presque définie d'ouvertures et de finales, les variantes sont infinies. On ne peut pas toutes les étudier et encore moins les mémoriser. Donc, pour choisir le meilleur coup, on ne peut pas s'appuyer seulement sur le cognitif + mémoire, il va falloir faire entrer l'intuition. C'est là que l'on peut faire la comparaison avec la compréhension "globale" ou "intuitive". Pour faire le meilleur choix, je fais marcher les deux : j'analyse, mais je dois aussi me fier à mon instinct de joueur.
La grande question , c'est comment développer cette intelligence intuitive ? La réponse est simple aux échecs : l'expérience personnelle. Plus on joue, plus on développe cette intuition. Mais attention ! Pour optimiser le développement de cette intelligence globale, on ne joue pas n'importe comment : les joueurs d'échecs notent leurs parties et les analysent ensuite, faisant jouer encore l'intelligence analytique. Ce cheminement d’expérience et d’analyse permet d’augmenter le niveau. Sans faire cela, on stagne. Cela demande un effort d’étude conséquent, et certains joueurs font le choix d’arrêter ce travail. Ils ne progressent plus beaucoup, mais ils peuvent encore bien s’amuser avec des joueurs de même niveau.

On retrouve la même problématique en maths : les théorèmes + exercices types (application basique du théorème) sont les schèmes fondamentaux. Pour résoudre un problème, il va falloir parcourir un chemin qui passe par différents théorèmes (et il peut y avoir plusieurs chemins pour arriver au même résultat). C'est pour cela qu'une bonne formation en maths (comme en langue) présente des exercices progressifs, faisant d'abord juste appliquer le nouveau théorème, puis en faisant intervenir un autre, puis deux, etc. Le cerveau est alors entraîné et à la vue d'un nouveau problème va de plus en plus vite saisir le ou les chemins à parcourir pour le résoudre. C'est une vision globale, qu'il va ensuite démontrer pas à pas en passant par chaque théorème.
Et c’est là qu’intervient la formation. Si un apprenant a été mal formé, il peut saisir globalement un problème (langue, maths, échecs ou autres), mais ne pas avoir les moyens de l’exprimer ou l’expliquer correctement. En fait, il est plus juste de dire qu’il « sent » qu’il y a un problème, car il ne le saisit pas vraiment.

Les langues sont toutefois plus complexes que les maths et les échecs. Un exemple intermédiaire est celui de la programmation. Les schèmes fondamentaux sont les fonctions de bases du langage de programmation. Mais, ce qui est intéressant, car plus comparable avec le langage humain, c’est que les différents langages informatiques ont été développés différemment selon les objectifs recherchés (code « serveur » comme PHP ou « client » comme JavaScript par exemple). Résoudre un même problème se fera différemment suivant le langage et certaines choses ne pourront pratiquement pas se faire dans l’un alors qu’il sera facile et rapide dans l’autre.

Tout comme les langages de programmation sont différents suivant les objectifs de leurs créateurs, les langues naturelles humaines sont aussi dépendantes de l’histoire et des références culturelles de leurs locuteurs. Et elles sont en constante évolution. Certaines choses pourront s’exprimer facilement dans une langue, mais pas dans une autre. Parfois, il n’y a pas d’équivalent direct.
Prenons un exemple très simple. En médecine chinoise, il y a un concept de « montée de feu interne » 上火. Ce terme est utilisé dans le langage courant en chinois mandarin. (我上火了。) Il désigne un état dont je n’ai pas trouvé l’équivalent en français. Cela peut être des bouffées de chaleur, des inflammations, des boutons de fièvre, une irritabilité accrue. Mais à force de pratiquer le chinois, de discuter, d’étudier un peu la médecine chinoise, on assimile assez vite ce concept et on se l’approprie.

Si le langage n’est pas la source du raisonnement, il le conditionne fortement, en bien ou en mal (la Novlangue d’Orwel par exemple). Cela implique que la maîtrise d’une langue influence directement notre capacité à conceptualiser et raisonner. Or connaître une langue étrangère avec des concepts et des schèmes grammaticaux différents nous permet de penser différemment ! On en devient plus intelligent, ou du moins, plus ouvert.

Donc, pour revenir à la réflexion de PhiPhilo, toute traduction fait bien intervenir une part (parfois très grande) d’interprétation du traducteur. Plus la langue sera distante, plus la traduction sera subjective. Il est souvent impossible de rendre le sens exact. D’où l’importance de l’apprentissage des langues étrangères : cela augmente notre capacité de raisonnement et nous permet d’avoir un véritable dialogue avec une personne de culture différente. Le dialogue, c’est bien plus que de la simple communication.

Pour répondre à Françoise au sujet du « formatage », je comprends que c’est difficile au début, car nous sommes conditionnés par nos habitudes, et qu’il faut apprendre à mettre de la distance. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut les oublier. La comparaison entre la grammaire du chinois et celles de nos langues occidentales permet de mieux comprendre le génie de l’une et des autres. Plutôt que de parler de « formatage » qui implique un effacement des données précédentes, je préfère parler de conditionnement.
Le conditionnement est très important, car il nous permet de développer notre intelligence intuitive. Il peut sembler être un frein au début. J’ai connu le même problème avec les arts martiaux traditionnels ou le conditionnement est fondamental (beaucoup plus que dans les sports de combat). La réponse à une agression est très différente suivant la stratégie de l’art martial. Mais à force d’entraînement, on arrive à se reconditionner et même à pouvoir passer d’un conditionnement à un autre. Il y a une résistance du corps et du cerveau au changement. C'est un phénomène normal, mais pas une fatalité. 

Donc c’est dur, mais très positif !

Ensuite, il faut bien faire la différence entre le chinois parlé moderne 白话 du chinois classique 古文. Le chinois classique dont sont tirés les textes anciens (Laozi, Confucius, traductions des textes bouddhistes, etc.) est très différent du chinois moderne qui est plus analytique. Je trouve la comparaison de Dominique très pertinente. Le chinois classique est très « impressionniste ». Il se porte très bien à la poésie. Il est très concis mais très évocateur. En contrepartie, les traductions ne sont pas pertinentes, même du chinois classique vers le chinois parlé moderne. Il faut une analyse du texte pour comprendre. Là encore, la notion de distance de la langue entre en jeu. Au passage, le chinois classique n’a pas de grammaire à proprement parlé, mais des « mots vides » 虚词.

Donc, pour répondre à tous les trois, il est tout à fait possible de « penser en chinois ». Mais il ne faut pas être manichéens : il y a des degrés de capacités de compréhension. D’ailleurs, la culture chinoise étant riche et variée, « penser en chinois » ne peut pas être vue comme une formule unique. Suivant les écoles de pensée, le niveau et le style d'éducation, les familles, les régions, l’histoire personnelle, les Chinois, tout comme nous, ne pensent pas comme un seul bloc. Donc, on peut « penser en chinois » à différents niveaux et dans différents domaines. Il ne faut pas voir notre « empreinte d’origine » comme un poids, mais plutôt comme un tremplin. La différence nous permet de mieux comprendre. Pourvu qu’elle soit bien abordée. On revient au problème de la formation.

Enfin pour répondre à la question de Françoise sur l’éducation de la langue en Chine, il faut savoir que les Chinois mettent fortement l’accent sur la pratique, terme que je préfère à la « répétition ». Beaucoup, beaucoup d’exercices. D’ailleurs, au primaire en Chine, la priorité est la pratique du chinois et des mathématiques. Il n’y a pas de secret, pour que ça rentre, il faut pratiquer. Lecture, exercices, rédactions, mémorisation de poésie, etc. 
Pour pouvoir lire le chinois moderne sans être bloqué, le seuil est estimé à 1500 caractères (Cf. Bellassen). Mais le chinois moyen maîtrise entre 3000 et 3500 caractères. Pour le chinois classique, il en faut beaucoup plus. Cela dépend des textes que l’on étudie. Par exemple, en médecine chinoise, les textes classiques ne sont pas très exigeants en termes de nombre de caractères. C’est une autre histoire pour la poésie, ou encore pour des textes plus obscurs comme le 山海经.
Pour ce qui est des ambiguïtés en chinois, elles viennent plus des accents régionaux. Quand des Chinois ne se comprennent pas, ils écrivent dans la main. Par contre, il existe des ambiguïtés propres à la langue chinoise. Par exemple, 笑 peut signifier « rire » ou « sourire ». Mais on revient à la problématique du début.
Par contre, quand on parle d’un seul caractère, pour un nom de famille par exemple, le problème se pose souvent. On peut écrire dans la main, mais on peut aussi donner les composants graphiques. Exemple avec le nom de famille 李. Les chinois diront 我姓李,木子李的李。

Ouf, je viens de vous écrire un roman et encore, je me suis retenu. J’espère que j’ai étais assez clair. Je n’ai donné que ma version d’apprenant et d’enseignant du chinois. Il y aurait encore tellement de choses à dire, surtout sur les textes anciens !
Du coup, j’attends vos retours.


安康!
天翔

1830 mots

En réponse à Tianxiang LI

Re: HSK 2 séquence 2

par Caroline Gévaudan,
Bonsoir à tous,
Je suis heureuse que ma petite réflexion ait mené á cette discussion enrichissante. Depuis mon humble position, je vous lis et j'absorbe!
Ayant été enseignante ( par le hasard de la vie) en Argentine ( où je suis expatriée depuis 12 ans), j'ai été confrontée à la double problématique de transmette un savoir dans une langue étrangère, la plus difficile d'entre elles étant de transmettre le savoir aux apprenants car l'apprentissage d'une langue étrangère est toujours possible, même si cela se complique avec l'âge.
Je me suis toujours intéressée á l'enseignement parce qu'insatisfaite de ce que l'école apportait à mes enfants. C' est la raison principale de mon départ: ouvrir mes enfants à d'autres langues et d'autres cultures afin que leur "conditionnement" ne soit pas un poids, un carcan mais un tremplin; en plus de l'apport indéniable sur le développement cérébral qu'est l'apprentissage d'une langue étrangère. Aujourd'hui, ils sont tous bilingues, et en apprentissage de 2 autres langues chacun. Je précise qu'il était nécessaire pour moi de partir car l'apprentissage d'une langue va de paire avec celui de sa culture.

J'ai une question pour vous Tianxiang:
Vous dites que le conditionnement permet de développer notre intelligence intuitive et que l'intelligence intuitive se développe
elle-même par les expériences partagées et personnelles. Cependant, de mon point de vue, le conditionnement limite les expériences. Pourriez-vous m'expliquer?

Au plaisir de vous lire.

Caroline

230 mots

En réponse à Caroline Gévaudan

Re: HSK 2 séquence 2

par Fabienne Canelli,
Bonsoir,

Je me permets d’intervenir ayant quelques questions en rapport à votre très intéressant message.

Vous évoquez le chinois classique et le chinois parlé moderne, faites vous référence au mandarin traditionnel et au mandarin simplifié ?
Dans le cadre d’une vraie appropriation de la langue chinoise, plusieurs personnes m’ont en effet conseillé, d’apprendre également le mandarin traditionnel, permettant de bien m’être en avant la sémantique de la langue chinoise.
Le caractère 爱, étant selon eux le parfait exemple de la perte d’essence de certains caractères simplifiés. L’amour ayant été amputé de son coeur…

De plus on trouve beaucoup de traductions françaises des quatre livres et des cinq classiques, des quatre livres extraordinaires ou des poèmes Tang et autres grands ouvrages de la Chine et on peut également les lire très facilement en mandarin simplifié, grâce à des librairies spécialisées, mais n’est-il pas plus pur, comme le pensent les murmures qui m’entourent, de les lire en mandarin traditionnel, forme la plus proche de l’esprit des lettrés des temps passés ?

Ayant peur de confondre les caractères traditionnels et simplifiés, je préfère pour ma part continuer à progresser en mandarin simplifié, avant de me lancer dans l’appel du traditionnel, mais quand le moment sera venu auriez-vous des conseils ? Sites, livres astuces, débrouillardise ? Il serait en effet tellement pratique de retrouver votre fabuleuse méthode d’enseignement pour le mandarin traditionnel. Sentir la langue s’enraciner dans son coeur étant une sensation que chaque professeur essaye de procurer à ses élèves, mais que peu arrive à matérialiser et je peux vous certifier, que vous y arriverez.
Le lien à la langue fait aussi naître un attachement à la littérature et à tous ces textes sacrés qu’apprenaient jadis les futurs fonctionnaires de la cour impériale. La poésie, la philosophie, la littérature sont l’âme d’un pays et celle de la Chine est grande et variée, mais malheureusement étonnamment caché.
Un corpus sur la littérature chinoise, une initiation à cette dernière s’effectuant souvent en solitaire. Il faut acquérir des livres, se renseigner, lire des énumérations d’ouvrages, ou des courtes traductions de poèmes sur internet, qui nous semblent parfois étranges. Vous qui semblez, connaître et appréciez cet univers, auriez-vous des pistes de plateforme ou de site professionnel et intéressant, proposant une initiation en profondeur à la littérature chinoise et non un simple et superficiel effleurement ?

De plus, j’ai une dernière question plus indirecte, concernant la langue japonaise, celle-ci utilise aussi des sinogrammes, est-ce un avantage ou un désavantage de posséder des notions en mandarin, pour une personne désirant maîtriser également cette langue ? Avez-vous des expériences personnelles avec le japonais ?

En espérant ne pas vous avoir ennuyé avec toutes mes questions et interrogations.

Très cordialement

442 mots

En réponse à Fabienne Canelli

Re: HSK 2 séquence 2

par Tianxiang LI,
Bonjour Fabienne,
Merci pour votre message !
Alors pour faire simple à la première question : non.
Il n'y a pas de "mandarin traditionnel" ou "simplifié". Il s'agit seulement de l'écriture. Le chinois mandarin est la langue parlée actuelle, appelée aussi 白话 en chinois. Le chinois classique est une langue à part entière, uniquement écrite, et qui n'est pas très fixée. C'est un peu la même différence entre le français et le latin.
L'écriture (simplifiée ou traditionnelle) n'est que le support de ces langues.

Bon, il est vrai que l'écriture traditionnelle est plus riche et a préservé plus de "restes" du passé. Vous en avez donné un très bon exemple avec 爱. Mais ce n'est pas toujours le cas. Par exemple 气 le "souffle" s'écrit en traditionnel 氣, avec le composant du riz 米 en dessous. Par contre le caractère le plus ancien n'avait pas le riz et représentait seulement du brouillard ou de la brume.

Il faut aussi se méfier des "murmures" des entourages. En ce qui concerne la Chine, il y a beaucoup de mystifications. Comme elle est mal connue, certains aiment bien y coller leurs fantasmes. Je pense par exemple à une personne qui faisait un grand discours sur le Chi, l'énergie, représenté par le caractère 氣 que nous venons de voir. Ce terme est utilisé pour parler de l'énergie au sens large, dans les arts martiaux, la peinture, la nature, la médecine chinoise. Et cette personne de dire que le 米 représentait l'explosion de l'énergie.... Alors que ce composant a été rajouté pour indiquer la vapeur qui sort de la marmite de riz.🤔
La mystification est un gros problème que nous avons dans le milieu de l'étude de la Chine et du chinois.

Donc pas de stress, l'apprentissage du simplifié ne va pas vous faire manquer quelque chose. Et il sera possible d'apprendre l'écriture traditionnelle par la suite. Je ne le conseille pas au début de l'apprentissage, mais après le niveau 3, on peut commencer à s'y mettre.

Si je peux donner un conseil, c'est de se pencher sur l'étymologie du caractère. Son histoire donne du sens et éclaire son utilisation. Je compte bien la rajouter dans les cours quand j'en aurai le temps.

Par contre, pour ce qui est de la langue classique, je ne connais pas de bonnes ressources en langue occidentale. Peut-être que ça existe, mais ce doit être assez nouveau. En chinois, la référence est le "古代汉语" de 王力.

Sinon, les bonnes références pour la pensée chinoise est "Histoire de la pensée chinoise" d'Anne Cheng, sur l'art les écrits de son père François Cheng. Pour l'histoire "Le monde chinois" de Jacques Gernet. Pour la littérature : "Histoire de la littérature chinoise" de Jacques Pimpaneau, mais honnêtement, rien ne remplacera une bonne étude des textes classiques directement dans le texte. C'est toutefois très difficile à trouver, même en chinois.

Enfin, pour le Japonais, c'est un avantage de connaître le chinois. Ils partagent un fond culturel et les caractères. C'est déjà énorme ! J'avais commencé à apprendre le Japonais, mais je ne suis pas allé très loin. La grande partie de mon temps libre étant consacré au développement des cours de ce site.

J'espère avoir répondu à vos questions.

Bien amicalement,
Tianxiang

534 mots

En réponse à Caroline Gévaudan

Re: HSK 2 séquence 2

par Tianxiang LI,
Bonjour Caroline,
Petite précision, l'intelligence intuitive se développe avec l'expérience personnelle. Quand je parle d'expérience "partagée", je pense au savoir accumulé et transmis par nos ancêtres, qui nous évite de réinventer la roue à chaque fois. C'est vrai que le mot "partagé" porte à confusion, surtout avec la mise en avant du modèle socio-constructiviste. Je ne pensais donc pas à l'expérience partagée comme une expérience sociale.
Ceci me permet de préciser un point assez important : contrairement au langage informatique ou le "vocabulaire" est parfaitement précis, l'utilisation des mots dans les langages humains porte souvent à confusion. Un même mot peut avoir plusieurs sens. Mais ce qui est beaucoup plus problématique, c'est qu'un même mot peut être employé pour des concepts très différents (volontairement ou non).
Bref, j'en viens au confinement, et à votre question. Et c'est là que je m'interroge : pourquoi dites-vous que le conditionnement limite les expériences ? Il nous faudrait un peu plus de développement.
J'avance toutefois une idée. Peut-être pensez-vous au conditionnement subit et inconscient ? Une idéologie ou une culture ? Si c'est le cas, le fait d'être "conditionné" est synonyme d'être "enfermé" voire d'un lavage de cerveau.
En tant que professeur de chinois, c'est un phénomène que je constate souvent. Enfermés dans notre culture, beaucoup rejettent la culture chinoise, la déforment, en ont peur. On rejette ce qui n'entre pas dans nos repères. En tant qu'apparentant du chinois, vous avez certainement dû y être confronté.
Mais ce n'est pas le confinement qui pose problème ici, c'est l'attitude de la personne face à l'environnement conditionnant. Nous subissons tous ce type de confinement : culture, mode, profession, sport, etc. Tout nous confine d'une certaine manière. Prenons l'exemple de l'informatique. Si vous utilisez Windows, vous êtes confinés à l'utilisation "à la Windows". Idem pour Mac. Bon, ce n'est pas le cas pour Linux car il demande un apprentissage particulier (c'est de moins en moins la cas). Et l'exemple de Linux me permet de poser cette question : comment sortir de ce confinement ?
Par l'étude, l'analyse de celui-ci. Et le meilleur moyen de bien l'analyser et d'avoir un autre modèle. Le fait de partir à l'étranger nous fait beaucoup mieux comprendre notre propre culture. Face à la différence, on peut avoir deux attitudes : le rejet ou le questionnement. Vous qui êtes partie à l'étranger, je pense que vous comprenez très bien ce que je veux dire. Et je vous rejoins tout à fait dans votre réflexion : il est nécessaire de partir. Cela permet d'être directement confronté à la différence.

Le confinement dont je parle et celui qui permet de créer des automatismes. Il est conscient, pas subi. Là est la différence. Si j'ai bien compris votre question toutefois.
Qu'en pensez-vous ?
祝好,
天翔

448 mots

En réponse à Tianxiang LI

Re: HSK 2 séquence 2

par Dominique PAPION,
Bonjour Tianxiang,

Merci à vous pour ces réponses détaillées. Vu votre emploi du temps extrêmement chargé, merci d’en avoir pris le temps.
Je suis également convaincue qu’il est important de bien apprendre une langue étrangère et de partir au moins quelque temps vivre l’étranger. Outre une plus grande ouverture d’esprit et tolérance, culture et langue étrangères influent effectivement sur notre façon de penser et de s’exprimer. L’anglais par exemple forme à la concision et à la précision, dans l’expression et dans la pensée. Il serait extrêmement formateur que le cursus scolaire puisse inclure 6 mois à un an en totale immersion à l’étranger.

Votre méthodologie est très intéressante et efficace. Il est nécessaire d’apprendre le vocabulaire, mais comme il est difficile de tout retenir au fur et à mesure que le nombre augmente, le revoir de façon récurrente dans d’autres contextes et d’autres séquences permet peu à peu de se l’approprier. Apprendre le plus possible de phrases type ou d’expressions usuelles permet de développer une base de données qui peut être étoffée par la suite, et qualitativement et quantitativement. Donc, même si tout n’est pas entièrement compris, il faut continuer plutôt que de se bloquer car on intègre peu à peu ce vocabulaire ou ces tournures de phrases au fur et à mesure qu’on les retrouve par la suite dans les tests de fin de séquences puis dans les séquences suivantes. Et quelle joie de les reconnaitre de mieux en mieux dans les feuilletons et chansons….

Il me semble que l’impressionnisme ou le pointillisme tel que je le ressens peut s’appliquer également au chinois moderne et pas seulement à la poésie classique.
Par exemple, une amie sino-vietnamienne m’a demandé de lui traduire :
酒逢知己千杯少 Jiǔ féng zhījǐ qiān bēi shǎo
话不投机半句多 Huà bù tóujī bàn jù duō
Si on traduit mot à mot, cela donne en gros :
vin rencontre ami proche mille verres peu
parole pas d’entente moitié phrase trop
Pour que cela fasse sens en français, il nous faut construire autour de ces mots des phrases complètes. Je lui ai proposé :

Lorsqu’on boit avec un ami,
Mille verres sont insuffisants.

Sans véritable harmonie,
Une demi phrase dure trop longtemps.

Soit, un distique n’est peut-être pas représentatif, mais par exemple dans la séquence HSK4-11, les phrases ci-dessous me demandent un peu d’imprégnation, d’un autre ordre qu’analytique 😊 :
理想有时候不只有一个,你得放弃和选择,选择最适合自己的,自己最感兴趣的。
Lǐxiǎng yǒu shíhòu bù zhǐ yǒu yī gè, nǐ děi fàngqì hé xuǎnzé, xuǎnzé zuì shìhé zìjǐ de, zìjǐ zuì gǎnxìngqù de.
Parfois nous n'avons pas qu'un seul rêve. Tu dois faire des choix et des sacrifices. Il faut choisir le rêve qui nous convient le mieux et pour lequel nous éprouvons le plus d'intérêt.

只有懂得放弃和学会选择的人,才能赢得精彩的生活。
Zhǐ yǒu dǒngde fàngqì hé xuéhuì xuǎnzé de rén, cái néng yíngdé jīngcǎi de shēnghuó.
Seules les personnes qui comprennent le sacrifice et qui apprennent à faire des choix peuvent remporter une vie exceptionnelle.

Merci encore pour ce cours,
Et pour la suite, 加油!

安康!
Dominique

(Modifié par Tianxiang LI. Écrit initialement le jeudi 22 octobre 2020, 19:59)

506 mots

En réponse à Dominique PAPION

Re: HSK 2 séquence 2

par Dominique PAPION,
PS Je voulais corriger le distique car les espaces ne sont pas pris en compte (d'où 逢 à côté de 不 alors que devrait être sous 酒, etc., mais je ne vois plus la touche 'modifier'.
Ai oublié comment corriger?
D.

41 mots

En réponse à Dominique PAPION

Re: HSK 2 séquence 2

par Tianxiang LI,
Dominique, 你好,
On peut modifier le message dans un délai de 30 minutes après l'avoir posté. Ensuite le message est envoyé par mail aux abonnés du Forum et il n'est plus modifiable par l'utilisateur. En tant qu'administrateur du site, j'ai encore la possibilité de les modifier après délai. La mise en page d'un site web est un peu plus casse-tête que sous un logiciel de traitement de texte. J'ai donc retiré les caractères chinois de la traduction, qui est excellente au passage. Vous êtes très douée ! Par contre ce n'est pas du chinois moderne. Ce genre de tournure s'inspire du chinois classique.
Normalement, tout devrait s'expliquer, mais d'un point de vue pratique, arrivé à un certain niveau de chinois, il vaut mieux essayer de s'imprégner et de "ressentir" les tournures. Dans ces cas-là, l'analyse intéresse plus le linguiste que l'apprenant. Et les discussions sont parfois sans fin pour avoir une explication acceptable. Le chinois a une grammaire assez simple et logique en soi, mais beaucoup de tournures ne la respectent pas, certainement pour donner un certain effet de style. Pour être efficace dans son acquisition du chinois, il faut garder un bon équilibre entre travail cognitif et intuitif. Cette notion d'équilibre est souvent difficile à garder. Elle est représentée par l'image du Yin-Yang (que l'on appelle le 太极图 en chinois) ou par le Chengyu 中庸之道. Rechercher l'équilibre est un élément de la culture chinoise que nous ferions bien de nous approprier, nous les Occidentaux qui sommes souvent un peu trop manichéens. Je vais peut-être en faire le fil directeur du prochain cours sur la méthodologie.
祝,
安康!
天翔

268 mots

En réponse à Tianxiang LI

HSK3/ 5

par Françoise Jacquier,

Désolée de mon retard à réagir, ma vie étant un peu compliquée ces temps-ci avec un mari en récupération d’AVC, mais grand merci Tianxiang pour vos réponses toujours si détaillées et intéressantes, et pour ce forum très stimulant qui, après trois mois et demi de pause forcée par les circonstances, m’a complètement remotivée à terminer enfin la leçon 5 où j’étais restée bloquée. Et à attaquer la suite!

Cordialement 

Françoise

70 mots

En réponse à Françoise Jacquier

Re: HSK3/ 5

par Dominique PAPION,

Bon retour au Club, Françoise,

Désolée d’apprendre vos circonstances difficiles. Meilleurs vœux de bon rétablissement à votre mari.

Cordialement

Dominique


20 mots

En réponse à Dominique PAPION

Re: HSK3/ 5

par Fabienne Canelli,
Bonsoir Francoise,

Je me permets de vous souhaiter un bon rétablissement pour votre mari et une très bonne santé pour vous aussi.
Les problèmes de santé ne sont jamais aisés, qu’ils soient pour les malades ou pour les proches, mais je suis sûr qu’avec vous à ses côtés, votre époux, a le plus grand dévouement possible pour l’entourer.

Encore une fois bonne santé et beaucoup de prospérité.

Cordialement

Fabienne

69 mots

En réponse à Fabienne Canelli

Re: HSK3/ 5

par Françoise Jacquier,

Merci Tianxiang, Fabienne et Dominique pour vos sympathiques messages. L’étude du chinois nous apprend entre autres les vertus de la longue patience, dont on a besoin aussi dans d’autres circonstances, comme celles que je vis actuellement...

Fabienne,  j’ai quant à moi fait le parcours inverse, passée à l’étude du chinois après plusieurs années de japonais. Le japonais utilise les idéogrammes traditionnels avec souvent plusieurs prononciations différentes pour un même caractère selon qu’il est employé seul ou en composition, et parallèlement deux alphabets syllabiques distincts, et en ce sens d’un point de vue purement formel je trouve le chinois plus cohérent et épuré . Mais chaque langue a son génie propre et il n’y a pas lieu de faire des comparaisons.

Le fait de comprendre la « géométrie » des caractères est un atout dans les deux directions. Et la prononciation du japonais est très reposante par sa simplicité lorsqu’on vient du chinois!

Il est en tout cas passionnant de se plonger par le biais de la langue dans des modes de pensée si différents. Ce qui vraisemblablement nous motive tous.

Françoise 


178 mots

En réponse à Françoise Jacquier

Re: HSK3/ 5

par Fabienne Canelli,
Bonsoir Francoise,

Je vous remercie de votre message et me permets de vous poser quelques questions, qui je l’espère ne vous ennuieront pas, sur votre apprentissage du japonais. Votre expérience me sera en effet d’une grande aide, pour mieux définir cette langue et mesurer l’ensemble de ses difficultés.
Dans votre message, vous m’indiquez que le japonais utilise deux alphabets syllabiques distincts, qui sont si je ne m’abuse les hiraganas et les katakanas. Ceux-ci m’ont l’air, d’un point de vue purement extérieur, assez facile à maîtriser et donc à utiliser, mais qu’en est-il des idéogrammes ou plutôt de leurs prononciations.

Les caractères ayant été exportés de Chine et adaptés à la phonétique japonaise, ils peuvent comme vous l’avez indiqué avoir plusieurs prononciations en japonais et bien sûr d’autres en chinois, à l’exemple du caractère 下 xià en chinois moderne qui peut se prononcer à la fois ka et ge en japonais.
La forme du caractère étant maîtrisée et son sens enraciné dans l’esprit, sa restitution semble facile, mais est-il aussi aisé d’intégrer qu’un caractère tellement lu et prononcé d’une certaine manière, s’enrichisse soudain d’une nouvelle forme de lecture et d’expression ?
L’esprit arrive-t-il facilement à dissocier les prononciations d’un même caractère et la langue auxquelles, elles sont adaptées, ou un effort particulier, doit-il être réalisé à ce niveau, pour arriver à bien compartimenter les deux modes d’expression et les maîtriser sans confusion ?

De plus j’aurais également quelques interrogations concernant la grammaire et la conjugaison. Les mots chinois sont invariables, mais on m’a dit, que ce n’était pas le cas du japonais, qui appréciait les conjugaisons. La grammaire japonaise est-elle équivalente en règle à la grammaire chinoise ou le fait de mêler les alphabets syllabiques aux idéogrammes crée davantage de notions à maîtriser ?

En ce qui concerne les tests de certification, il semble que contrairement au HSK, ils commencent dans un ordre décroissant, du JLPT5 au JLPT1. Avez-vous une expérience particulière avec ces derniers ?
Votre apprentissage, si cela n’est pas trop indiscret bien sûr, a-t-il été effectué via une plateforme en ligne comme celle-ci et auriez-vous peut-être des sites, applications à recommander ?

J’ai en effet récemment été très intéressée, par les conférences de Jean Noël Robert au Collège de France, dont la spécialité tourne autour des origines chinoises du bouddhisme japonais et met bien en lumière l’important héritage chinois, de la culture japonaise, mais également la particularité de la civilisation japonaise de s’inspirer et de s’émanciper. De prendre un peu du cœur de la Chine et de l’adapter au sien, créant ainsi une culture cousine, mais pas tout à fait sœur.
Ces conférences ont également le mérite de présenter les chefs-d’œuvre de la littérature japonaise dont le Dit du Genji de Murasaki ou la poésie traditionnelle avec notamment Issa ou Matsuo Basho.

Tout cela est un grand enrichissement pour qui comme moi était déjà intéressé par la littérature japonaise du XXème siècle et des auteurs tel que Kawabata, Mishima, Osamu Dasai, Natsume Soseki, ou un peu moins traduit, mais tout aussi intéressant tel que Motojiro Kaijii ou Kenji Miyazawa et bien d’autres que la taille grandissante, de ce qui devait être, un court message m’empêche d’évoquer.
En littérature chinoise moderne, j’ai déjà lu des textes de Lao She, Lu Shun, Mao Dun ou Ba Jin, mais ne retrouve pas la même proportion d’auteur qu’au Japon à cette même époque, peut-être du fait d’un contexte historique différent.

En espérant ne pas vous avoir trop étouffé avec mes questions et en vous souhaitant une excellente soirée.

Cordialement

Fabienne

583 mots

En réponse à Fabienne Canelli

Re: HSK3/ 5

par Françoise Jacquier,
Fabienne, afin de ne pas encombrer le forum avec des considérations qui n'intéressent pas forcément les autres, je vous propose de continuer nos échanges via mon adresse personnelle: ********** sans passer par le forum. Qu'en pensez-vous?
Je répondrai à vos questions sur le japonais plus tard dans la journée. A bientôt
Françoise

(Modifié par Tianxiang LI. Écrit initialement le jeudi 29 octobre 2020, 12:07)

64 mots

En réponse à Françoise Jacquier

Re: HSK3/ 5

par Tianxiang LI,
Bonjour Françoise,
J'ai enlevé le mail de votre message, car il existe des logiciels qui scannent les sites web et récupèrent les adresses mail pour envoyer des spams. Il est préférable de passer par la messagerie du site pour envoyer des informations invisibles au grand public.
Par contre, je pense que l'influence du japonais <-> chinois sur l'apprentissage des deux langues peut intéresser beaucoup de personnes. Quand je regarde les stats du site, je peux voir que le forum est très consulté.
Personnellement, ça m'intéresse.
Vous pouvez ouvrir un nouveau fils de message sur le forum consacré à ce sujet. Mais c'est bien sûr à votre préférence.
Très bonne journée !
Tianxiang

110 mots

En réponse à Fabienne Canelli

Re: HSK3/ 5

par Françoise Jacquier,

Bonsoir Fabienne

Beaucoup de questions en effet! Je vais essayer d'y répondre. J'ai commencé le japonais à une époque où internet n'existait pas encore (j'ai 73 ans..), en cours particuliers avec une japonaise sur base d'échange, et il n'a jamais été dans mon projet de passer les tests de certification. Je faisais à l'époque une formation en shiatsu (massage traditionnel japonais basé sur la médecine chinoise) et cherchais à m'approcher de la pensée orientale par le biais de la langue. Il s'est ensuite écoulé pas mal de temps avant que je décide d'apprendre le chinois et il ne m'a donc pas été difficile de compartimenter, d'autant que mis à part l'usage des idéogrammes, les deux langues n'ont rien en commun dans la structure et le fonctionnement. C'est très différent de quand on apprend parallèlement l'italien et l'espagnol, par exemple, où les interférences sont nombreuses.

L'alphabet syllabique facilite beaucoup l'entrée dans la langue, puisque au début les leçons sont entièrement en hiragana, les idéogrammes étant introduits progressivement, alors qu'en chinois il faut tout de suite s'approprier les caractères, à moins de se contenter du pinyin, ce qui manque vraiment de charme.

Mais en effet, je peux imaginer, en passant du chinois au japonais, qu'il n'est pas forcément simple de s'habituer à une prononciation complètement différente pour des caractères qu'on connaît déjà autrement.

S'il n'y a pas à proprement parler de conjugaisons avec des désinences comme dans les langues européennes, il y a des marqueurs de temps et de ce qu'on pourrait appeler de mode sous forme de particules accrochées à la racine verbale, mais invariables selon la personne. Et d'autres particules pour marquer la fonction d'objet ou de sujet. Donc quelque chose qui ressemble un peu plus à notre notion de grammaire et est moins déroutant peut-être que le chinois.

A mon époque, il n'existait pas vraiment de grammaire satisfaisante de la langue japonaise en librairie, il se peut que cela ait évolué. Les ouvrages que je possède sont assez confus et peu structurés. Ma professeure n'avait pas de formation d'enseignante, j'ai donc dû un peu me débrouiller par moi-même, avec elle c'était plutôt de la pratique. (Si vous habitez Paris ou la région parisienne, vous connaissez sans doute déjà la librairie Le Phénix, boulevard de Sébastopol, une vraie caverne d'Ali Baba pour tout ce qui touche aux langues asiatiques. Ca, c'est pur après le reconfinement...)

Et mon premier professeur de chinois était un Taïwanais doctorant en philosophie  à l'université de Louvain, très intelligent, sympathique et drôle, mais pas non plus très didactique, autant dire que découvrir le cours de Tianxiang a été un vrai bonheur pour sa pédagogie très efficace et son approche adaptée à la pensée européenne.

Voilà pour aujourd'hui, j'espère avoir à peu près répondu à vos questions.

Cordialement

Françoise

460 mots

En réponse à Françoise Jacquier

Re: HSK3/ 5

par Fabienne Canelli,
Bonsoir Francoise,

Je vous remercie de votre retour et de votre gentillesse. Vos informations sont précieuses et seront être utilisées.

Je vous remercie encore une fois et vous souhaite une bonne soirée et un bon confinement.

Cordialement

Fabienne

38 mots

En réponse à Françoise Jacquier

Re: HSK3/ 5

par Tianxiang LI,
Bonjour Françoise,
Bon retour parmi nous. Je souhaite un bon rétablissement à votre mari. La santé avant tout !
Bien cordialement,
Tianxiang

21 mots

En réponse à Tianxiang LI

Re: HSK 2 séquence 2

par Eric Q,
Bonjour à tous,
Je viens de découvrir cette conversation qui non seulement apporte la réponse à bon nombre de mes interrogations et particulièrement riche en contenu. Une vrai pépite qu'il faudrait presque épingler "quelque part" à mon sens tant les réponses apportées sont nombreuses et utiles.

Pour reprendre les très bonnes remarques de Tianxiang concernant les langages (de programmation) informatiques, et ceci étant ma spécialité depuis quatre décennies maintenant, si en effet leur élaboration est liée essentiellement aujourd'hui à l'usage ou au contexte d'usage (objectif, management de la mémoire, exécution sur des machine portables, etc.) je rajouterai que la génèse des langages a été dans un premier temps de permettre leur utilisation (programmation, j'entends) de façon plus naturelle, simple et efficace.

Au tout début il n'était possible de programmer qu'en binaire ("langage" excrément primitif et déconnecté de tout contexte humain). De là s'est posé la question de "comment rendre cette tâche plus facile pour l'homme?". C'est alors qu'est née la notion d'assembleur (langage d'assemblage) qui fut la première classe de langages utilisant un alphabet et du coup évidemment une notation plus digeste puisque basée sur l'utilisation d'une syntaxe, telle que "MOV" qui est le mot anglais "move" et indiquant un déplacement d'une information d'un endroit en mémoire vers un autre. Il est clair qu'écrire "MOV A,160" est plus naturel que "01101001 10100000" pour écrire que l'on souhaite transférer le nombre 160 dans l'accumulateur A. Bien entendu, il fallait un "interpréteur", c'est à dire un programme capable de transformer cette notation alphabétique en suite de 0 et 1, seul langage compréhensible par la machine. A noter qu'au tout début de l'existante de cette notation dite "d'assemblage", la traduction se faisait à la maint sur une feuille de papier... j'ai commencé ainsi.

Mais ce type de langage était bien trop primaire et ne s'appuyait pas sur des règles de grammaire, uniquement de la syntaxe pour l'essentielle. C'est alors que sont apparus les premiers langages informatiques basés sur une grammaire, intégrant des conditionnelles et autres structures (itératives, etc), et plus plus tard bien d'autres règles de grammaires.

Cette évolution à permis rapidement de se détacher de la complexité de la machine en offrant des langages dont la syntaxe et la grammaire sont proches des différents langages "humains". En effet, quoi de plus naturel que d'écrire SI A=1 ALORS FAIRE ... TERMINER LA CONDITION. if a=1 then begin ... end; par exemple en Pascal.
Les compilateurs/interpréteurs informatiques sont des programmes intégrant le lexique et capable de faire une analyse lexicale et sémantique basée sur la grammaire du langage informatique afin de proposer son équivalent en code binaire exécutable par la machine.

Ce n'est pas pour rien que je parle du langage PASCAL puisque l'objectif de son développement a été de permettre aux étudiants d'appréhender la programmation avec un langage très proche des langages que nous connaissons. Son objectif n'était donc pas à la base la performance ou bien la réponse à un besoin technique/technologique mais tout simplement pédagogique. Et l'objectif a été atteint.

Bref, j'ai trouvé cette conversation vraiment enrichissante.

Merci à toutes et à tous,
Eric

513 mots