Frédéric et Tianxiang : moi aussi j'admire énormément cette cohérence, cette profondeur de racines. Ce qui me passionne aussi beaucoup, c'est l'extrême pertinence de la langue, que je découvre petit à petit.
Je l'avoue, au tout début je nageais dans la confusion. On découvre très très vite en mandarin qu'apprendre un son, une syllabe/mot, même avec le bon ton, ne vas pas nous empêcher de rencontrer exactement le même son avec le même ton une bonne vingtaine de fois, et ça voudra dire complètement autre chose. On tombe aussi très vite sur les classificateurs, et le même genre de question perplexe : pourquoi diable les Chinois s'embêtent-ils à apposer à leurs noms des sortes de pré-noms, de pré-définitions? Et vlan, voilà qu'il faut de nouveau apprendre par coeur des listes de classificateurs, essayer de ne pas se tromper, pfffffou c'est...pénible.
Et puis, et puis... On finit par comprendre que les gens s'entraînent constamment, dans leur langue, à la pertinence, à l'exactitude, à la compréhension immédiate et rapide : OK, une syllabe va vouloir dire plein de choses différentes, mais dès qu'on en met une autre avec, ça devient très différent. Si vous dites zuo tout seul, bon courage pour définir immédiatement ce que ça veut dire (sans le caractère). Si vous dites qing, pareil. Mais si vous dites qing zuo, aucun problème. Et si ça ne suffit pas, et que vous avez un doute sur l'identification du sens, le classificateur arrive au galop. Vous dites kè, d'accord, mais c'est une matière ou un cours? le classificateur vous l'indique, yi men kè pour la discipline,yi jie kè pour le cours. Je trouve ça enthousiasmant: ce rythme très court et sobre de deux syllabes (développé souvent en suites de 4) donne à la langue une clarté et une élégance que peu de langues ont, et pourtant l'anglais est déjà extrêmement sobre et pertinent comme langage. Je n'ai jamais encore utilisé le chinois en sciences, mais il doit être aussi efficace et rapide que l'anglais, ça doit être un plaisir de l'utiliser dans ce cadre.