Cher Tianxiang
Merci d’avoir pris le temps de cette longue réponse qui m’aide beaucoup.
Ce serait génial si vous faisiez un jour un cours structuré de phonologie/rythmique. J’hésite beaucoup sur Chinoistips à cause justement du marketing racoleur assorti d’un prix élevé mais c’est le seul cours de phonologie que j’ai trouvé avec de surcroit de bonnes idées comme celle d’apprendre à enchainer les tons par paires successives avec un tableau de 20 paires fondamentales.
Je vais lire l’ouvrage que vous recommandez mais à mon stade d’incompétence (je n’ai pas du tout l’oreille musicale) j’ai quasiment besoin d’un professeur de chant au conservatoire 😀 !
Sur la rythmique, vous rejoignez les commentaires de JF Billeter sur le fait que le chinois parlé est proche dans sa concision et ses parallélismes du chinois classique mais là aussi c’est une difficulté car nous n’avons pas le bagage de chinois classique des petits chinois. Je m’étais déjà rendu compte du phénomène en français : même dans une conversation courante française, je construis les phrases pour les rythmer car j’ai une culture sous-jacente de poésie française !
D’accord pour s’écouter, je vais le faire mais quand on a une oreille si peu musicale que la mienne…
Quant aux ressources externes que vous décrivez, malgré le HSK 4, je suis loin de pouvoir suivre un film ou écouter un podcast en chinois ! Lire un livre en 1000 caractères oui, le reste je ne sais pas le faire. Je le fais en italien où je comprends comme en français une conférence d’histoire ou un livre d’Elena Ferrante lus sur Audible pour un public italien mais j’ai bien peur qu’en chinois (je pourrais suivre par exemple les micro trottoirs d’Eileen dans les vidéos du Mandarin Corner) cela améliore certes la compréhension, ce qui ne serait pas mal, mais pas l’expression faute d’une base phonologie/rythmique plus solide.
Pour prendre à nouveau l’exemple de l’italien, je l’ai toujours compris et lu depuis tout petit sans l’avoir jamais appris à l’école ou par moi-même. Je n’ai commencé à le parler vraiment niveau C1 que récemment lorsque j’ai appris la grammaire en l’intériorisant de manière active. Donc comprendre une langue ne donne pas la clé pour la parler. C’est de surcroit plus compliqué qu’une question de langue latine car par exemple le portugais n’est pas plus loin du français que l’italien (je lis de la littérature portugaise et brésilienne du 19e facilement) mais je ne comprends quasiment rien à l’oral à cause de la phonologie rythmique et je connais de nombreux français qui ne comprennent pas spontanément l’italien ce qui me parait invraisemblable mais est sans doute normal😀.
Bien entendu on ne peut comparer l’italien et le chinois mais dès qu’on fait des progrès significatifs en italien beaucoup de points en apparence communs entre français et italien s’effacent : la grammaire italienne avec son utilisation généralisée du subjonctif imparfait et plus que parfait dans la conversation courante est loin du français abâtardi contemporain ; le vocabulaire est très riche et contient encore pas mal de bas latin et de dialecte régional (je n’en suis pas certain mais l’italien ressemble sans doute plus à l’ancien français de Montaigne qu’au français épuré par l’Académie au XVII e siècle). Donc certes des points communs mais des différences notables et par exemple une quantité d’exceptions de conjugaison auprès de laquelle il n’y en a presque aucune en français !
Ceci dit j’ai un avantage inné car ma langue natale est le catalan. Quand j’étais petit je vivais dans une langue continue commune qui s’étendait sans distinction claire du français au catalan natifs en comprenant l’espagnol que nous appelions le castillan. Et en fait je préfère lire Montaigne en ancien français où c’est plus clair ! La phonologie et la rythmique sont différentes en italien mais elles font partie de la manière innée dont mon cerveau est câblé. Mais pas la phonologie portugaise !
La comparaison est surtout là pour dire à quel point cela m’a fait prendre conscience que mon cerveau était encore plus loin de la phonologie/rythmique chinoises que des caractères chinois et que j’avais un gros problème avec ; en dehors même des vitesses d’apprentissage sur lesquelles je suis plus que d’accord.
Merci beaucoup du temps que vous avez passé à me répondre.
Très bonne soirée
Serge
Merci d’avoir pris le temps de cette longue réponse qui m’aide beaucoup.
Ce serait génial si vous faisiez un jour un cours structuré de phonologie/rythmique. J’hésite beaucoup sur Chinoistips à cause justement du marketing racoleur assorti d’un prix élevé mais c’est le seul cours de phonologie que j’ai trouvé avec de surcroit de bonnes idées comme celle d’apprendre à enchainer les tons par paires successives avec un tableau de 20 paires fondamentales.
Je vais lire l’ouvrage que vous recommandez mais à mon stade d’incompétence (je n’ai pas du tout l’oreille musicale) j’ai quasiment besoin d’un professeur de chant au conservatoire 😀 !
Sur la rythmique, vous rejoignez les commentaires de JF Billeter sur le fait que le chinois parlé est proche dans sa concision et ses parallélismes du chinois classique mais là aussi c’est une difficulté car nous n’avons pas le bagage de chinois classique des petits chinois. Je m’étais déjà rendu compte du phénomène en français : même dans une conversation courante française, je construis les phrases pour les rythmer car j’ai une culture sous-jacente de poésie française !
D’accord pour s’écouter, je vais le faire mais quand on a une oreille si peu musicale que la mienne…
Quant aux ressources externes que vous décrivez, malgré le HSK 4, je suis loin de pouvoir suivre un film ou écouter un podcast en chinois ! Lire un livre en 1000 caractères oui, le reste je ne sais pas le faire. Je le fais en italien où je comprends comme en français une conférence d’histoire ou un livre d’Elena Ferrante lus sur Audible pour un public italien mais j’ai bien peur qu’en chinois (je pourrais suivre par exemple les micro trottoirs d’Eileen dans les vidéos du Mandarin Corner) cela améliore certes la compréhension, ce qui ne serait pas mal, mais pas l’expression faute d’une base phonologie/rythmique plus solide.
Pour prendre à nouveau l’exemple de l’italien, je l’ai toujours compris et lu depuis tout petit sans l’avoir jamais appris à l’école ou par moi-même. Je n’ai commencé à le parler vraiment niveau C1 que récemment lorsque j’ai appris la grammaire en l’intériorisant de manière active. Donc comprendre une langue ne donne pas la clé pour la parler. C’est de surcroit plus compliqué qu’une question de langue latine car par exemple le portugais n’est pas plus loin du français que l’italien (je lis de la littérature portugaise et brésilienne du 19e facilement) mais je ne comprends quasiment rien à l’oral à cause de la phonologie rythmique et je connais de nombreux français qui ne comprennent pas spontanément l’italien ce qui me parait invraisemblable mais est sans doute normal😀.
Bien entendu on ne peut comparer l’italien et le chinois mais dès qu’on fait des progrès significatifs en italien beaucoup de points en apparence communs entre français et italien s’effacent : la grammaire italienne avec son utilisation généralisée du subjonctif imparfait et plus que parfait dans la conversation courante est loin du français abâtardi contemporain ; le vocabulaire est très riche et contient encore pas mal de bas latin et de dialecte régional (je n’en suis pas certain mais l’italien ressemble sans doute plus à l’ancien français de Montaigne qu’au français épuré par l’Académie au XVII e siècle). Donc certes des points communs mais des différences notables et par exemple une quantité d’exceptions de conjugaison auprès de laquelle il n’y en a presque aucune en français !
Ceci dit j’ai un avantage inné car ma langue natale est le catalan. Quand j’étais petit je vivais dans une langue continue commune qui s’étendait sans distinction claire du français au catalan natifs en comprenant l’espagnol que nous appelions le castillan. Et en fait je préfère lire Montaigne en ancien français où c’est plus clair ! La phonologie et la rythmique sont différentes en italien mais elles font partie de la manière innée dont mon cerveau est câblé. Mais pas la phonologie portugaise !
La comparaison est surtout là pour dire à quel point cela m’a fait prendre conscience que mon cerveau était encore plus loin de la phonologie/rythmique chinoises que des caractères chinois et que j’avais un gros problème avec ; en dehors même des vitesses d’apprentissage sur lesquelles je suis plus que d’accord.
Merci beaucoup du temps que vous avez passé à me répondre.
Très bonne soirée
Serge